Baromètre social : « psychologiser » et individualiser la souffrance au travail afin d’éviter la réponse qui est d’abord politique et collective

EPA-FSU et SNEP-FSU, préfèrent le recours aux élus des CHSCT,
et à l’action collective avec les syndicats

Les ministères chargés des affaires sociales indiquent « qu’ils lancent leur premier baromètre social dans le cadre de la démarche d’amélioration de votre qualité de vie au travail et du climat social. En effet, pour construire un plan d’actions, il est nécessaire d’établir un constat de vos motifs de satisfaction et d’insatisfaction. Pour cela, le baromètre vous permettra d’analyser votre ressenti et vos attentes sur vos conditions de travail, vos relations professionnelles, sur l’organisation du travail, la conciliation vie professionnelle / vie personnelle, votre parcours professionnel, l’égalité des chances et l’impact des réformes. » Ce baromètre mis en place par la Direction des ressources humaines est réalisé par un prestataire privé People Vox, dont on ignore le montant de la facture. Il se déroule du lundi 8 juin au vendredi 26 juin 2015, il a vocation à être reconduit chaque année.

Tout le monde n’est pas concerné !

Ce baromètre avec questionnaire (plus de 70 questions) est envoyé à tous les personnels des DRJSCS, des DIRRECTE, des administrations centrales, et, des ARS et des seuls CREPS volontaires. En sont exclus les personnels des DDI !

Problème de confidentialité !

Il apparaît que la question de l’anonymat des réponses est loin d’être garantie. Surtout quand dans certaines structures le peu de monde concerné identifiera de fait certains questionnés.

Problème sur de nombreuses questions ou thématiques !

Suite au premier projet, les organisations syndicales ayant été consultées, ont demandé le retrait de certaines questions liées par exemple à l’orientation sexuelle. Mais les présupposés du questionnaire n’ont pas été modifiés : il considère le travail comme une compétition d’individus. La compétition doit être libre et non faussée (chapitres discriminations, égalité des chances…). D’autres questions sont étranges en particulier sur la connaissance de votre environnement ou de vos pratiques hors travail.

Les questions de traitement des données avec leurs interprétations.

La difficulté d’interprétation des données en fonction du sens que chacun donne ou du moment de vie où ils se trouvent ou bien de la valeur de la hauteur des réponses (51 % pensent que … et donc les autres 49 % seraient disqualifiés ?). Quelle valeur donner à une extraction des réponses des personnels des établissements quand ils ne sont pas tous destinataires du questionnaire.

Une diversion politique

La souffrance au travail a été pointée par de nombreux rapports en particulier de l’inspection générale (IG). Etaient pointées les politiques décidées et poursuivies (RGPP, MAP, RéATE) de réduction drastique des personnels, de l’austérité budgétaire et de la déstructuration des métiers dans les DDI. Les rapports citaient comme conséquence la perte de sens des personnels sur leurs qualifications, leurs métiers et leurs missions de service public.
Ce constat ne cesse de s’amplifier ; la nouvelle organisation territoriale de la République (loi NOTR) avec de grandes régions, la revue des missions de l’Etat pour s’adapter à cet Acte III de la décentralisation sont de grandes sources d’inquiétudes.

Manipulation scandaleuse de la souffrance !

Nos gouvernants ne cherchent-ils pas à orienter la souffrance bien réelle au travail et la dégradation du climat social vers des causes psychologiques et individuelles quand les causes sont politiques ?
Ce sont les systèmes d’organisation du travail avec la mise en concurrence, la pression hiérarchique ou de résultats, entre autres, qui fabriquent nos conduites et nos stratégies (de survie,…) et de nouvelles valeurs (chacun pour soi…).

Ne pas répondre à ce questionnaire !

C’est pourquoi la FSU, vous appelle à refuser de participer à ce questionnaire ! En effet, il y d’autres solutions pour combattre la souffrance au travail et restaurer la dignité professionnelle et collective ! Ce baromètre nie les réponses collectives portées par les syndicats, les élus des personnels et surtout les instances comme le CHSCT !

Dans le CHSCT les élus peuvent traiter les difficultés et porter des améliorations. Ils sont chargés aussi de la question du climat social. Nous appelons tous les collègues ayant des difficultés dans leur travail à s’adresser aux CHSCT de leur service ou établissement et à leurs élus.

La réponse à cette dégradation des conditions de travail et à l’explosion de souffrance ne sera que collective et politique. Nous demandons en priorité la création d’un réseau qui articule direction régionale et unités territoriales. L’État économisera ainsi les coûts de conception et de gestion du baromètre ainsi que les coûts de la souffrance au travail.