Traverses Unitaires n°71

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Fiche de syndicalisation 2011

SOMMAIRE :

  • Édito : Retraites : même dans l’unité une stratégie perdante ne peut gagner. Page 1
  • Le remaniement nouveau est arrivé… il a un goût de banane ! Page 2
  • Retraites 2010 : l’injustice et l’inefficacité, Retraites 2013 : la remise en cause de la répartition Retraites 2018 : la fin du code des pensions… Pages 4 à 8
  • Le service civique : entre arnaque et régression Pages 9-10
  • CREPS : les dégâts de l’excellence et de la performance sportive. Pages 11 à 18
  • RGPP et syndicalisme : la compression tous azimuts ! (analyse  du  scrutin  du 19 octobre 2010 en DDI) Pages 19 à 21
  • DRJSCS : la FSU en demi-teintes (analyse du scrutin du 19 octobre 2010 en DRJSCS) Pages 22 à 25
  • L’obligation de réserve ne figure pas dans le statut général de la fonction publique Page 24
  • Marseille : une mobilisation exemplaire à la DRJSCS Pages 25 –26
  • Joël Balavoine Page 27
  • Pour contacter EPA Page 28

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EDITO : Retraites : même dans l’unité une stratégie perdante ne peut gagner.

Désormais, la loi libérale sur les retraites est passée. Devenue légale elle demeure cependant illégitime dans la mesure où le gouvernement n’a pas réussi à convaincre une majorité populaire qui lui reste hostile. L’intersyndicale affirme que le syndicalisme sort « conforté » de la défaite ! Il y aurait ainsi des batailles perdues qui renforceraient leurs vaincus ? Il faudra aller le prouver à celles et ceux qui, dès les semaines à venir vont vérifier de premières amputations de salaires (les fonctionnaires) et aux femmes qui, massivement, vont payer la note la plus lourde des dégradations à venir. S’il faut comprendre que le syndicalisme sort « conforté » c’est peut-être alors parce qu’il a sur préserver majoritairement son « unité «  (à l’exception d’une partition douteuse jouée par FO) sur une stratégie où ce n’est pas le retrait de la réforme qui était demandé mais sa réécriture globale sur des bases plus justes ! Car cette réforme est injuste au motif qu’elle fait plus payer les pauvres et les salariés que les riches et les entreprises ! Faut-il comprendre que si cette réforme libérale avait été moins injuste, elle en serait devenue plus acceptable ?

Quand on passe à la conscience critique de l’éducation populaire les déclarations des ténors de l’intersyndicale et de leurs accompagnateurs en mode mineur, on mesure à quel point l’axe dominant de l’intersyndicale s’est inscrit autour d’un équilibre ménageant la logique libérale. Non le syndicalisme, contrairement à ce qu’il affirme, n’a pas gagné la bataille des idées. Il n’a pas porté le débat sur le salaire socialisé et solidaire que la retraite doit constituer. Il n’a pas repris les fondements du conseil national de la résistance qui a voulu créer une forme de « sécurité sociale » par la prise en considération du travail tout au long de la vie. Le « travail » étant à comprendre comme concept économique matérialiste où l’activité humaine produit du service et de la « richesse » au bénéfice de tous. Un retraité travaille au-delà de la période où il a eu un employeur qui lui versait un salaire en contrepartie d’un emploi qui appartient au patron, pas au salarié.

Ce débat essentiel n’a pas eu lieu. Le rendez-vous de 2013 voulu par la CFDT et le bloc dit « réformiste » sur le changement systémique est destiné à accompagner la logique libérale qui veut toujours plus d’exploitation et de profits. Les faiblesses de pensée d’un syndicalisme ne sachant porter le débat d’idées en dehors des alternances politiciennes qui se dessinent (l’élection de 2012) sont terribles pour le sort des plus modestes.

L’unité et surtout la réunification syndicale, sont nécessaires car l’éclatement syndical qui construit des satellites hyper minoritaires, souvent hostiles aux autres formes syndicales qu’elles-mêmes, n’offre aucune perspective. La FSU doit encore et toujours évoluer, être plus exigeante sans une stratégie où elle doit donner d’autres signaux que ceux consistant à suivre un axe syndical perdant au motif d’une unité construite sur des capitulations politiques.

Le débat d’idées, pas plus que l’action, n’est pas à confondre avec des campagnes de communication. Les manifestations aux chiffres gonflés ou minorés, même si elles sont réussies, sont incapables d’inscrire des rapports de forces dans la durée. Bâtir son raisonnement sur l’audimat positif (70% de soutien d’opinion publique) n’empêche pas de perdre. La communi’action n’est qu’une posture. Renforçons le syndicalisme à vocation majoritaire en le rendant plus exigeant, sans agressions, mais sans concessions.

Didier HUDE