Manifeste pour un service public d’éducation populaire et de jeunesse

La République garantit à tous l’accès à l’éducation. Le service public d’Etat incarne cet engagement et les principes laïques qui l’accompagnent.

Cette obligation civique, se doit d’être confortée et améliorée. L’éducation ne se limite pas aux temps scolaires. À côté des fonctions fondamentales de l’Ecole, l’accès à des modes d’informations et à des procédures diversifiées d’apprentissages impose de nouvelles responsabilités éducatives pour la puissance publique. La notion d’éducation partagée commande une conception plus globale en vue de la construction des citoyennetés et de lieux d’élaboration démocratique.

Au regard des évolutions sociales, des mutations technologiques, économiques et culturelles, l’éducation est devenue un enjeu tout au long de la vie. Il est nécessaire que l’Etat puisse garantir à chacun, où qu’il se trouve sur le territoire national, et quel que soit son âge et ses conditions de vie, les moyens de comprendre le monde qui l’environne, de s’y situer et de développer avec d’autres un potentiel d’acteur social. La profusion des signes, des modes de transmission des savoirs, des communications posent de nouvelles responsabilités publiques.

Bien qu’exposés aux enjeux de la mondialisation, les contextes sociaux sont marqués par les replis individuels ou communautaristes, les rejets et relégations, les consumérismes.

Le travail de la culture dans la transformation sociale doit être assuré par les politiques publiques de l’Etat, qui ne sont pas pour autant des formes d’étatisation.

La mission éducatrice et intégratrice de la société a été l’œuvre de l’Ecole de la République à la fin du 19ème siècle. L’enjeu d’aujourd’hui est d’aussi grande ampleur face au nombre de citoyens fragilisés, voire désaffiliés, ne maîtrisant plus ni la complexité du monde, ni les langages permettant l’expression individuelle et collective. Cette exclusion du savoir et du social engendre la montée de tous les discours de rejets : xénophobes, communautaristes, antirépublicains. L’Etat en coopération avec d’autres acteurs a un rôle éminent à jouer dans ce processus pour maintenir ou recréer une cohésion sociale et une vie démocratique renouvelée.

Un service public d’éducation permanente – ouvert sur des partenariats territoriaux irriguant les politiques culturelles, les activités physiques et sportives éducatives – a toute sa place dans une société exposée et fragilisée par des mutations accélérées.

Ce service public d’éducation populaire doit rester de la compétence de l’Etat pour une nécessaire mise à distance des enjeux politiques locaux, et pour assurer sa permanence sur tout le territoire. La finalité est de préserver les conditions de socialisation : multiplier les opportunités d’avoir une place qui ne soit pas seulement assignée et de prendre part au jeu social dans ses divers rôles de proximité (son école, son association, sa commune…). Il s’agit de renforcer, voire de refonder la participation à l’élaboration démocratique.

Télécharger le manifeste pour un service public d’éducation populaire et de jeunesse (juin 2002)