Mouvement JEP 2017 : la DRH et la DJEPVA incapables de s’opposer à des pratiques de destruction du corps des CEPJ/CTPS

La commission administrative paritaire des CEPJ et la commission d’évaluation technique et pédagogique des CTPS JEP avaient à statuer sur une série d’actes de gestion des personnels JEP relevant désormais du ministère de l’éducation nationale. Mais leur gestion reste confiée au secrétariat général des ministères sociaux.

Si tous les actes de gestion hors mouvement se sont bien passés, en revanche le mouvement a été l’occasion de vérifier un mécanisme de destruction implacable des postes JEP qui va inévitablement se répercuter aussi sur les conseillers d’animation sportive du ministère des sports. Ce long compte-rendu vous permettra de vérifier la gravité des faits liée à l’opacité du rôle du bureau SD1 de la DRH, la mise sur la BIEP des emplois, l’arbitraire lié à la déconcentration, l’absence d’opposition ou pire la complicité de la DJEPVA. Chacune et chacun se fera son opinion. Mais la situation est grave et le positionnement de la « direction métier » DJEPVA extrêmement préoccupant de par la vision qu’ils ont du métier de CEPJ.

 

Compte-Rendu Mouvement JEP 2017

 

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Déclaration liminaire FSU

Ayant eu à croiser plusieurs informations sur la gestion de ce mouvement, la FSU avait décidé d’une intervention liminaire car l’hémorragie des emplois est très préoccupante et le délitement des missions certain. Par ailleurs l’arrivée de 50 emplois « service civique » ne se traduit pas par une augmentation des postes CEPJ mais par un fléchage sur un programme du moment qui induit souvent une disparition des postes libérés par celles et ceux qui arrivent sur cet emploi. Enfin le passage au MEN des missions JEP risque fort d’être purement symbolique. D’où la déclaration qui suit, lue par D. Hude,  destinée à témoigner de notre lucidité dans ce moment de vacillement certain.

Cette CAP se tient dans un contexte marqué par les contrastes. Un quinquennat s’ouvre dans la Ve République. Il affiche une volonté de renouveau. Mais on pressent déjà que les orientations voulues sont celles portées par les quinquennats qui l’ont précédé. Le changement est donc la continuité. Peut-être, sur la forme, une ordonnance remplacera-t-elle une douille de 49-3. Mais ce qui est en marche c’est de poursuivre. Poursuivre la loi travail dans le même sens, fiscaliser toujours plus les cotisations sociales via la CSG, unifier les régimes de retraites donc remettre en cause celui de la fonction publique, supprimer l’emploi public jugé excédentaire, modifier le statut des fonctionnaires… Bref, le changement comme avant.

Dans le champ jeunesse et sports le changement c’est le rattachement « jeunesse éducation populaire vie associative » au ministère de l’éducation. C’est aussi d’avoir un ministère des sports autonome. Cette césure n’est pas heureuse. Elle est même de nature à fragiliser encore et toujours plus en ajoutant de l’interministérialité dans les services. Le rattachement « JEP » relève d’une victoire à la Pyrrhus. Les personnels JEP obtiennent enfin un rattachement au MEN. Mais il s’agit de troupes exsangues, décimées par la RGGP et la MAP, exposées aux destructions d’emplois en DDI comme en DR et CREPS. Enfin ce rattachement ne va pas au bout : il maintient au sein des ministères dits sociaux la gestion RH et laisse à SD1 les mains libres pour décider concrètement des stocks de destruction d’emplois au fil de l’eau, en toute opacité, sans carte de référence. On reste sur des choix politiques mortifères qui déploient l’emploi en DDCS et DDCSPP, là où la souffrance est la plus grande, les délitements les plus évidents.

Le silence de la DJEPVA est assourdissant sur ces choix opérés. Elle accompagne par le mutisme. Dans les services les collègues comprennent que leur métier n’a pas de réalité aux yeux de ce qui reste de leur direction de tutelle. Les CEPJ sont devenus des personnels d’ajustement aux priorités souvent illusoires du moment. Soumis aux tensions, tout comme l’indien du général Custer le bon CEPJ est un CEPJ mort au plan déontologique. Il lui suffit pour être méritant, telle une grenouille en dissection, d’être encore réactif aux décharges électriques via la moelle épinière hiérarchique.

D’ailleurs, à ce propos, de quoi ce mouvement JEP 2017 est-il le nom ? Le mot Mouvement conserve-t-il un sens quand la mobilité se résume à 15 ou 20 mobilités certaines ?

Très peu de postes figurent au mouvement. La lisibilité des profils est restreinte sinon nulle. Environ 1/3 des postes est déclaré vacant. C’est peu par rapport aux prévisions qui étaient les nôtres mais la lutte contre les déficits publics est passée par là. SD1 a manié le sécateur. La DJEPVA est demeurée muette. Tout va bien.

Parmi ce tiers de postes déclarés vacants seule la moitié fait l’objet de candidatures, soit à peine une vingtaine.

Il faut ajouter aux postes vacants une catégorie très particulière : les postes service civique. Sur 15 postes Service Civique vacants, 10 postes font l’objet de candidature et 5 ne sont pas demandés. Cette rubrique, issue d’un programme de l’instant, a des effets pernicieux qu’il faut pouvoir analyser.

Ainsi qu’advient-il des postes CEPJ « métier » lorsqu’ils sont libérés pour un poste service civique ? Tout porte à croire que c’est SD1 qui sera juge de paix. La pérennisation des postes « métier » CEPJ n’étant pas assurée on se retrouve de fait dans une possible fermeture de postes « métier » au bénéfice de postes spécifiques “Service civique”. C’est l’évidence.

Quelle est l’analyse de la DJEPVA mais aussi de la DRH – au-delà de l’approche SD1 – sur cette situation ? Quelle démarche explicative est-elle mise en œuvre pour que les R BOP n’encouragent pas la pratique de transformation ou suppression de postes JEP devenus vacants ? Laisser faire l’encadrement de proximité c’est accepter une gestion à l’aveugle.

L’ouverture des postes fléchés service civique s’avère être un tour de passe-passe en puissance. Que la DJEPVA ne vienne pas nous dire que ces postes sont faits pour mieux organiser le suivi des jeunes. Un récent entretien avec un chef de bureau de la DJEPVA a permis de vérifier que l’accompagnement personnalisé des jeunes relève d’une autre époque. Ces postes sont faits pour organiser la gestion des flux et le placement. Ne cherchez pas l’éducatif : le substrat du programme se résume à du contrôle et de la gouvernance de dispositif.

Ce mouvement consacre une ligne de maltraitance institutionnelle.

Ce mouvement témoigne des distorsions entre les métiers CEPJ et les tâches que conduisent bon nombre de collègues. Les plus heureux s’en accommodent, les intégrent comme constitutives de leur nouvelle raison d’être : fonctionnaire fonctionnant. Les plus âpres au gain font le choix de devenir « attachés » pour le régime indemnitaire ou bien font le pas de devenir inspecteur pour avoir une meilleure reconnaissance statutaire. Ils donneront des consignes au lieu d’être en bout chaîne et les recevoir. Les arrêts de travail, les dépressions se succèdent, les demandes de détachement aussi. La fatigue morale s’instille jusque chez les VRP de dispositifs. La revalorisation PPCR ne parviendra pas à panser bien des douleurs.

En août 2017 il y aura 420 CEPJ en réelle activité et 40 CTPS, soit 460. C’est très précisément les effectifs de juin 1981 où il y avait 270 CTP spécialistes en DR et CREPS et 190 assistants en DR ou DD. On a détruit 700 emplois en 30 ans, dont près de 150 depuis la RGPP. L’INJEP n’est qu’un fantôme. La DJEPVA elle-même ne tient plus qu’au fil du régalien.

Cette année 2017 sera marquée comme celle de 50 postes service civique se retournant in fine contre des postes métiers, de dizaines de tentatives réussies ou pas vers le corps des attachés, de suppressions et transformations d’emplois JEP discrétionnaires dans les services, surtout en DDI. Un cauchemar pour qui est encore lucide.

L’immense déshérence de la DJEPVA n’est pas seule en cause certes. L’impuissance syndicale explique aussi une part de la situation.

Si tous les syndicats ont choisi de ne pas siéger aux CAP concernant les listes d’aptitude CTPS il ne faut y voir une remise en cause des valeurs professionnelles des candidats imposés par la DS et la DJEPVA mais un considérable ras-le-bol d’un arbitraire qui –si bien argumenté soit-il – ne trompe personne et participe même d’un nauséeux qui tord la reconnaissance du mérite professionnel, chaque année, depuis trop longtemps.

Nous allons débattre du mouvement et allons avoir l’occasion de vérifier – point par point – si tous les propos qui précèdent sont pur fantasme. Nous jugerons sur pièce.

Au terme de cette déclaration encore un point qui pourrait éviter de mettre 14 collègues de plus en souffrance. De grâce ne nommez pas stagiaires CTPS avant le 1er septembre à venir 10 professeurs de sport et 4 CEPJ de liste complémentaire du concours 2016. Vous les pénaliseriez de plusieurs mois à plusieurs années dans leur reclassement en leur interdisant l’application du décret de 51 qui ne sera applicable qu’au 1er septembre. Cette mesure mesquine ne rendra pas justice aux collègues de la liste principale. Elle ne permettra même pas un traitement équitable car les deux listes d’aptitude liées au concours 2016, en 2017 et 2018, prendront elles effet avec la mise en œuvre PCCR. La rupture d’égalité il fallait y penser avant de remettre en cause en janvier 2017 les dispositions transitoires pourtant largement argumentées et adoptées en novembre 2016 devant le CTM.

Graeme Allwright a été un fugace collègue CTP, compagnon à l’époque de Catherine Dasté, CTP art dramatique à l’INJEP, aussi je lui emprunte un bout de refrain : on avait de l’eau jusqu’à la ceinture, en marche, on nous dit d’avancer…