Contribution EPA au rapport IGJS sur la formation initiale et statutaire

Le rapport met en évidence la faiblesse des moyens consacrés par le ministère à la formation de ses agents comparativement aux autres ministères.

« le coût de l’année de formation peut être évalué entre 5 556 € et 6 428 € par stagiaire, ce qui est très inférieur aux montants présentés dans le rapport IGA/CGEFi, qui évalue le coût moyen d’une année de scolarité par élève à 24 000 € (hors rémunération des élèves) ».

Les budgets que les autres ministères consacrent à la formation initiale statutaire de leurs agents doit être un point d’appui pour exiger une formation de qualité qui devra en outre s’ajuster au nouveau niveau de recrutement des PS, CEPJ, et probablement IJS. Le rapport pointe le déficit d’ETPT consacré à la FIS, mais ne fait aucune préconisation quant au financement de la FIS.

EPA milite pour la création d’une école nationale de formation des personnels du MSJEPVA, comme pour les autres ministères (Education Nationale, Santé-social, Justice, …). Nous militons pour une affectation dans un service après l’année de stage.

Les propositions du rapport intègrent ces demandes en regroupant l’essentiel des temps de formation en début d’année de stage, en reportant l’affectation après cette période et en demandant la création de 0,7 ETPT au suivi de l’alternance des stagiaires. Nous sommes loin de l’ambition d’une formation initiale statutaire alignée sur celle des autres ministères.

Nous souscrivons aux préconisations visant à inscrire les organisations syndicales dans le pilotage de la FIS.

Nous déplorons que le rapport ne s’appuie que sur des entretiens avec les stagiaires inspecteurs. Nous considérons que certaines appréciations sur les contenus et le déroulement des formations ne prennent en compte que leur seul point de vue. Ainsi le rapport ne questionne pas la place faite dans les contenus à l’éducation populaire et aux questions éducatives et pédagogiques, aux dimensions spécifiques des spécialités des concours …

Depuis la parution du rapport, nous avons été destinataires d’un certain nombre d’observations sur la conduite pédagogique, sur les conditions d’accueil des stagiaires visant à opérer des distinctions entre les différents corps. Nous joignons donc à notre analyse un texte de Corinne Curien et Alex Lainé.

Enfin, le rapport ne prend pas suffisamment en compte la mise en place du recrutement au niveau du master dans les corps de PS et CEPJ. L’organisation de la formation initiale ne peut être dissociée des chantiers statutaires. L’année de stage doit pouvoir déboucher sur l’obtention d’un master, comme pour les corps enseignants.

La perspective de transfert des établissements aux Régions contrarie le scénario d’un maintien de la FIS dans un CREPS. Aussi nous regrettons que ne soit pas davantage étudiée le scénario de confier la FIS au seul établissement national du MSJEPVA, à savoir l’INSEP.

 

Les préconisations du rapport et nos commentaires :

Préconisation 1 – Placer auprès de la DRH un comité de pilotage de la FIS associant la DS, la DJEPVA, l’IGJS, ainsi que des DRJSCS, DDCS, DDCSPP et DTN désignés par l’administration.

Commentaire : un comité de pilotage est une proposition à laquelle nous souscrivons. Les représentants des personnels des corps concernés doivent y être associés. Nous rappelons que le mandat de notre organisation est de quitter les ministères sociaux et donc la DRH de ces ministères n’est pas le lieu idoine pour conduire la formation des nouveaux collègues.

Préconisation 2 – Pour chacun des corps concernés par la FIS, réunir auprès de l’opérateur un conseil pédagogique élargi associant, outre les parties prenantes au comité de pilotage (lorsqu’elles sont concernées), des représentants des stagiaires actuels et récents.

Commentaire : associer des représentants des stagiaires est une évidence, cependant sur quelles bases et comment seront ils associés ? Nous demandons une représentation des syndicats représentatifs de différents corps aux CAP.

Préconisation 3 – Saisir annuellement l’ITC, ainsi que le futur comité technique ministériel, des orientations et du bilan des actions menées au titre de la FIS.

Commentaire : Accord.

 

Préconisation 4 – Étendre à l’ensemble des questions liées à la FPTLV le fonctionnement du comité de pilotage et le contenu du dialogue social mentionnés aux préconisations 1 et 3.

Commentaire : Accord

 

Préconisation 5 – Fixer une date unique d’entrée en stage pour chaque corps, qui pourrait être le 1er septembre ou le 1er octobre selon les corps concernés.

Commentaire : Accord. Cette préconisation converge avec les remarques que nous avons formulées à l’occasion des discussions sur l’harmonisation du temps de travail dans les services. Prendre l’année civile comme référence pour la gestion des carrières est source de plus d’inconvénients que d’avantages.

 

Préconisation 6 – Privilégier durant les premiers mois de stage les modules de formation visant à l’acquisition de savoirs / savoir-faire / savoir-être, ainsi que la découverte du métier et de l’environnement institutionnel, la séquence suivante étant centrée autour de la prise de responsabilité en service.

Commentaire : Accord sur le principe, mais dans une dimension transversale. Les premiers temps doivent permettre d’alterner des séquences communes et des séquences distinctes. Cependant la formulation  savoirs / savoir-faire / savoir-être doit être précisée. Les questions éducatives, pédagogiques, éthiques font partie de cette première étape de la formation.

Préconisation 7 – Étudier la possibilité de prononcer l’affectation en service quelques semaines après l’entrée en stage, afin de parvenir au meilleur équilibre entre les besoins des services et les voeux des stagiaires.

Commentaire : Accord, non pas sur la possibilité de prononcer, mais sur le principe de prononcer l’affectation après la période de formation.

 

Préconisation 8 – Faire évoluer et enrichir la fonction de conseiller de stage au travers de la constitution d’un réseau de tuteurs formés comme tels et dont les missions seraient identifiées dans leur fiche de poste.

Commentaire : Accord, mais il faut les moyens pour former les personnes et constituer le réseau. La difficulté présentée dans le rapport pour les IJS est également observable pour les CEPJ et les PS, en particulier lorsqu’il s’agit de respecter les spécialités des concours.

Il convient de préciser que les PTP n’ont pas de fiche de poste mais un contrat d’objectifs

 

Préconisation 9 – Afin d’assurer la pérennité de la mission d’opérateur de la FIS confiée au CREPS de Poitiers, lui donner une base réglementaire. .

Commentaire : accord pour donner une base réglementaire pour un opérateur national.

 

Préconisation 10 – Dans le cadre de la transformation envisagée des CREPS en établissements publics locaux, veiller à ce que la formation initiale et continue des agents publics reste inscrite dans leurs missions statutaires.

Commentaire : La FIS doit être confiée à un établissement national en priorité.

 

Préconisation 11 – Conclure entre le MSJEPVA et le CREPS une convention pluriannuelle de financement de la mission d’opérateur de la FIS, prévoyant le versement d’acomptes sur subvention en cours d’année.

Commentaire : Voir commentaire de la préconisation 9 et 10

 

Préconisation 12 – Affecter au CREPS un IJS, pour assurer la responsabilité de la mission relative à la FIS, ainsi que la coordination de la formation des IJS.

Commentaire : Affecter un personnel supplémentaire est une nécessité a minima. Cependant pour conduire une mission de formation, il s’agit de nommer d’abord un formateur, quelque soit son corps d’origine. Nous sommes opposés au principe de nommer un IJS, sur la seule base de son statut.

 

Préconisation 13 – Implanter au sein du CREPS un « pôle ressources national FIS », distinct du département des formations.

Commentaire : Un pôle ressource est constitutif de ce que pourrait être un opérateur national de  la  FIS.

 

Préconisation 14 – Établir et actualiser les référentiels métiers des différents corps, afin d’adapter les objectifs et contenus de formation aux évolutions des missions et des statuts.

Commentaire : Dès leur création nous avons dénoncé le caractère artificiel et peu opérant des référentiels. Les nouveaux statuts en discussion ne font pas évoluer de manière sensible les missions. Le niveau de recrutement et l’exigence d’un master va, par contre, modifier la conduite de la formation. Nous préconisons l’anticipation de ces questions à l’occasion des discussions sur les nouveaux statuts.

Le Secrétariat National EPA-FSU

Contribution de Corinne Curien et Alex Lainé

1/ Une évaluation méthodologiquement biaisée. L’auteur fait beaucoup trop référence aux seuls inspecteurs de la Jeunesse et des Sports (I.J.S.) stagiaires. Certes, il mentionne les stagiaires Conseillers d’éducation populaire et de jeunesse (C.E.P.J.) et les Professeurs de sport (P.S.), mais les entretiens d’évaluation sur lesquels il s’appuie ont eu lieu exclusivement avec des stagiaires I.J.S. de la promotion 2013-1014. Ce qui constitue un biais pour deux raisons étroitement liées. Les points de vue des C.E.P.J. et des P.S., tels qu’ils se seraient exprimés oralement n’ont pas été pris en compte. Tout cela relève ainsi (c’est la seconde raison) du point de vue « entre soi » des membres d’un même corps. – celui de l’inspection – auquel appartiennent et les I.J.S. et les I.G. En sorte que l’on est en droit d’émettre les plus sérieuses réserves sur la validité d’un propos qui est manifestement « juge et partie. »

 

Les constats qui suivent confirment ces réserves.

 

2/ Sur la démarche de positionnement, les affirmations de l’auteur du rapport sont inexactes et témoignent d’une méconnaissance profonde de la démarche suivie. Nous (Corinne Curien et Alex Lainé) savons être assez bien placés pour l’affirmer puisque non seulement nous animons cette démarche depuis que la F.I.S. existe, soit depuis presque 20 années, mais en outre nous en sommes les auteurs, les concepteurs. Affirmer que le positionnement mis en œuvre « n’est pas assez individualisé » est une contre-vérité manifeste. C’est ce que les quelque 42 évaluations écrites de la dernière promotion de stagiaires C.E.P.J. et P.S. qui viennent de la vivre, confirment sans le moindre doute possible. Que monsieur l’inspecteur général n’entende pas que le travail en très petits groupes (3 ou  parfois 4 stagiaires avec un formateur) n’est en rien antinomique avec l’individualisation, mais au contraire, la favorise – ne serait-ce qu’à travers les phénomènes « d’écho » des compétences des uns sur celles des autres (comme l’ont mentionné la plupart des participants au dernier module de positionnement de la FIS) -, interroge sur sa représentation de ce qu’est une formation inscrite dans une perspective d’éducation populaire dont on sait la place qu’elle fait aux collectifs comme ressource formatrice.

 

Par ailleurs, nous avons de bonnes raisons de penser que les stagiaires I.J.S. sont les plus mal placés pour témoigner sur la démarche de positionnement puisque ce sont ceux qui depuis toujours y sont littéralement « réfractaires. » Pour le dire autrement, ce type de démarche, parce qu’elle constitue un travail sur soi et sur ses expériences, requiert comme une nécessité absolue le volontariat des participants. Cette condition que nous avons toujours posée en préalable, n’a jamais été remplie par les promotions d’I.J.S. qui ont toujours comporté un nombre suffisamment important de personnes résolument hostiles à cette démarche (en réalité « obligatoire »), pour faire obstacle à son bon déroulement. Ce fut encore le cas cette année.

A l’inverse et parce que l’équipe d’accompagnateurs du positionnement que nous coordonnons, ne laisse à personne d’autre qu’elle le soin de vérifier que les participants C.E.P.J. et P.S. sont bien volontaires, le problème ne se pose jamais avec ces collègues.

 

3/ La proposition de nommer un I.J.S. coordonnateur de la F.I.S. est une grossière erreur. Tout démontre – y compris ce rapport – la méconnaissance des problématiques de formation et de la pédagogie des adultes chez les I.J.S., alors que le « cœur de métier » des P.T.P. se situe précisément dans ce domaine. 

 

4/ On est en droit de se demander si la F.I.S. telle qu’elle fonctionne – et singulièrement le positionnement qui révèle les contradictions entre les profils de compétence des stagiaires et les missions qui leur sont confiées; et qui souligne plus généralement les aberrations des méthodes de gestion des personnels – ne sont pas jugées comme potentiellement « subversives » et, comme telles, tout juste bonnes à passer à la trappe. Nous savons en effet que quelques chefs de service, directeurs de stage, ne se sont jamais privés de critiquer le travail des formateurs en charge du positionnement – certain allant jusqu’à « faire » le positionnement à notre place en utilisant les grilles de compétences du métier… d’I.J.S. ! Enfin parmi ces « pédagogues dans l’âme », nombre d’entre eux verraient assez bien le positionnement être réalisé par les conseillers de stage ou par les C.R.F. Les membres de l’équipe nationale de formation à la V.A.E. qui ont conçu et animent le module de positionnement ont à cette fin, été « fermement » sollicités par le passé – à la demande de la D.R.H. – afin que des C.R.F. puissent venir « voir » comment ils procédaient et ensuite s’emparer de la démarche pour la mener dans leur coin. Ils ont évidemment refusé de ce prêter à cette basse opération qui réduit leur « métier » à une recette de cuisine à reproduire.

 

5/ Autre omission et pas des moindres : le rôle joué par certains chefs de service-directeurs de stage qui, en bien des cas, trouvent la F.I.S. inutile, voire néfaste, préoccupés qu’ils sont par l’opérationnalité immédiate du stagiaire quand ils ne se substituent pas aux formateurs comme nous l’avons vu en matière de positionnement.

 

6/ Enfin, notre conviction depuis que nous connaissons et pratiquons la FIS (c’est-à-dire depuis l’époque de Mâcon – 1995 -, soit une vingtaine d’années), c’est l’existence d’une contradiction majeure entre deux injonctions adressées par le ministère aux agents de l’établissement opérateur :

 

– d’une part, soyez créatifs, imaginatifs, responsables et produisez une formation de qualité,

– d’autre part, soyez aux ordres et exécutez les décisions – y compris les plus improbables – de la DRH.

 

Cela porte un nom : une injonction paradoxale qui ne peut que susciter des difficultés, voire rendre malades les personnels qui y sont confrontés systématiquement. On sait d’ailleurs ce que cela donne du côté des « risques psycho-sociaux » -, c’est-à-dire du harcèlement et de la souffrance au travail qu’il engendre.

Il n’y a aucun doute que cette tension contradictoire s’est fortement accentuée depuis la RGPP et le mariage forcé entre Jeunesse et sports et la santé.

 

Corinne Curien et Alex Lainé.