Compte-rendu de la réunion sur la réorganisation de la DJEPVA du 5 avril 2013

Administration : Y Dyèvre, F Bourdais, H Paoletti (agence nationale du service civique), O Toche, M Delagrée

Syndicats : CGT, FO, CFDT, UNSA, FSU, SEJS

En préalable, au nom de la FSU, D. Hude demande – puisque le projet de réorganisation de la DJEPVA semble revendiquer une expertise des services du ministère concernant les questions de jeunesse, et d’éducation populaire – que la réintégration de l’éducation populaire dans les CREPS soit évoquée. Cette question a été évitée lors de la réunion du 3 avril sur les CREPS. À cette demande, Y Dyèvre répond que les CREPS ne sont pas l’objet de la réunion du jour et reprend ce qui a été dit le 3 avril : c’est par le biais du terme animation qu’on peut évoquer cet aspect dans la loi. Ce à quoi D. Hude répond fermement que ce sujet sera nécessairement débattu au cours de cette séance car le terme « animation » sera traduit dans les faits que par « animation sportive ».

Un document de travail, préparé lors du comité de pilotage de réorganisation de la DJEPVA qui a eu lieu la veille, nous est remis. La CGT, rejoint par les autres organisations syndicales, fait remarquer qu’il n’est pas possible d’échanger sur un document que nous n’avons pas eu le temps de lire. La CFDT fera remarquer plus tard que l’absence des OS à ce comité de pilotage laisse l’impression qu’elles ne sont invitées que pour être chambre d’enregistrement de décisions prises ailleurs.

La réorganisation de la DJEPVA

Quelques rappels : ce chantier a été évoqué par V Fourneyron fin octobre 2012. En janvier 2013 est annoncée la mise en place de la mission et la nomination de Serge Mauvilain pour la conduire. L’objectif affiché: renforcer le rôle interministériel de la DJEPVA dans le cadre de la mise en place du comité interministériel à la jeunesse. Ce qui signifie surtout, dans le contexte de la MAP : rationnaliser.

Rappelant les relations compliquées entre la DJEPVA et les OS depuis plusieurs années, ces dernières – si elles reconnaissent le souci d’une reprise de dialogue et d’un échange dans cette restructuration- s’interrogent sur leur rôle, et sur leur marge de négociations dans cette mission. Y. Dyevre a juste comme réponse à apporter qu’il s’agit de nous présenter le calendrier de mise en œuvre.

Serge Mauvilain tente de rattraper la vacuité en ajoutant que cette rencontre a pour objet « d’expliciter la méthode de travail ». Et à la lecture en diagonale in situ du document de travail, ce ne sera pas la moindre des choses ! Du pur langage technocratique – S Mauvilain lui-même d’ailleurs reconnaît le risque permanent d’y succomber – les mots qu’il faut pour berner (co-construction, partage, valorisation, concertation permanente…). Là où cependant nous pouvons le rejoindre est sur la vigilance à avoir pour ne focaliser que sur la jeunesse, à ne « pas oublier l’éducation populaire et la vie associative ». Sur le champ de l’éducation populaire, il invite les OS à lui faire remonter des propositions concrètes pour l’intégrer dans le projet pour la mi-avril (la prochaine étape, en vue du comité de pilotage de mi-mai, est la proposition de scénarii – en lien avec un cabinet de consultant dont nous ignorons le coût). Il rappelle également que ce travail ne doit pas être un produit unilatéral et descendant de la centrale mais doit s’appuyer sur une approche « territoriale » (le mot sera prononcé de nombreuses fois), associant les services déconcentrés mais aussi les collectivités et le secteur associatif.

Sur le reproche d’un manque d’espace pour le dialogue social, il est juste répondu que les « échanges seront pris en compte, les propositions dans la mesure du possible ». Le consensus serait donc acté comme un préalable ! Et ce qui ressortira des échanges de ce jour, c’est effectivement cette impression que l’intention en elle-même – l’inter ministérialité – n’est pas remise en cause. Les réactions de la CGT, de la CFDT et de l’UNSA ont porté essentiellement sur la question des moyens humains insuffisants dans les services pour la mettre en action, ou sur le comment cela va se traduire dans les services. Interrogations qui actent dangereusement la décision. Rien sur les dangers connus, vécus, de l’inter ministérialité, à savoir polyvalence, transférabilité, et consolidation de la soumission des services aux préfectures (même si F. Bourdais se veut rassurante en insistant sur le fait que le délégué interministériel à la jeunesse sera placé auprès de V Fourneyron). Les collègues des DDI en savent déjà quelque chose.

Par ailleurs, cette inter ministérialité, en se centrant sur la question de la jeunesse, resserre donc encore une fois nos métiers sur ce seul public, dont nous serions des experts capable de l’aborder sous toutes les coutures. La CFDT, B. Niquet, en reconnaissant que les CTP travaillent aussi sur l’insertion et des problèmes sociaux, ne fait qu’enterrer un peu plus le métier de CTP. Si la FSU reconnaît la nécessité de réinterroger les missions et le rôle de la DJEPVA, elle dénonce cependant la méthode, qui ne prend pas en compte les souffrances déjà vécues par les CTP, liées en partie et pour beaucoup à la perte de sens dans le métier (ainsi qu’à la gestion méprisante de leur fin de carrière soit dit en passant) et qui ne seront qu’accentuées par un projet qui noie les missions dans une masse informe « jeunesse ». Beaucoup de collègues ont déjà baissé les bras ne voyant aucun signe venir de la DJEPVA. Or, cette réorganisation devrait avant tout donner des signes de reconnaissance. Comparant la démarche descendante actuelle qui part du Cabinet vers les acteurs, à la démarche de 2000/2002 dite de « l’offre publique de réflexion sur l’éducation populaire », la FSU indique qu’on ne s’apprête pas à « refonder » et refaire du sens mais seulement à repositionner l’appareil d’Etat.

La FSU sera seule à ramener le débat sur cette question centrale : celle du métier et donc de l’éducation populaire. La première chose est de faire reconnaître les métiers, en réaffirmant l’entrée « éducation populaire », qui devrait prévaloir sur les deux autres (jeunesse / vie associative) : les CTP qui travaillent sur ces champs le font avec cette approche éducative, qui n’est pas du côté de l’accompagnement social, celui-ci étant l’outil d’autres professionnels travaillant aussi dans le champ de la jeunesse.

Ce sera l’occasion pour la FSU de rappeler le rôle important que peuvent jouer les CREPS dans cette reconnaissance des métiers – façon de faire comprendre au cabinet que les 2 sujets sont bien liés. Sur les 16 CREPS, 12 comptent des CEPJ dont 8 mènent encore des formations d’éducation populaire (l’UNSA nous a dit avant la réunion – en aparté – en douter). La DJEPVA ne peut pas ne pas intégrer cela dans sa réflexion. Les CREPS sont un espace d’exercice du métier dans lesquels les CEPJ peuvent continuer leur mission de formation.

S’ensuivra dans cette rencontre une prise de parole du directeur de l’INJEP, sur le renforcement de la fonction « observatoire » de l’INJEP. Le représentant de la CFDT de l’INJEP alerte sur les craintes des personnels qui ont déjà vécu un plan social. Il redit la nécessité d’ouvrir des négociations très rapidement. L’occasion de redire que la disparition de l’INJEP tel qu’il existait à Marly le Roy a rompu les liens qui pouvaient exister avec les services déconcentrés (regroupement, formation…). Cela va d’ailleurs de pair avec la disparition des regroupements nationaux de CEPJ, qui étaient des temps d’échanges de pratiques et de construction du métier.

La directrice de l’agence du service civique explique que l’agence a une visibilité courte sur sa capacité à subsister après 2015, dans le contexte actuel.

La FSU indique qu’on ne peut continuer à discuter ainsi. L’interministériel expose à une nouvelle scission « jeunesse et sports » par rattachement de la DJEPVA au premier ministre. Les travaux sur les « opérateurs » ont clairement pour objectif de modifier des structures. Celle de l’INJEP qui va être soumis à un nouveau plan social prévisible par restructuration, et celle du CIJ de Paris qui va devoir supprimer des emplois. Enfin, sans retour de l’éducation populaire dans les CREPS c’est la disparition à court terme de la mission de formation des CEPJ et CTPS JEP.

F. Bourdais tente une réponse allant dans le sens de l’apaisement des craintes sans pour autant verser dans la démagogie. Elle dit la disposition du cabinet à intégrer au mieux les contributions à venir.

Une nouvelle rencontre est fixée le 15 mai en matinée de 9H30 à 12H30.

La FSU demande à ce que le cabinet et la DJEPVA rendent une réponse claire sur la réintégration de l’éducation populaire dans les CREPS d’ici là.

 Didier HUDE et Marie-Christine BASTIEN

Le projet de réorganisation de la DJEPVA présenté lors de la réunion (pour les courageux et les curieux des meccanos technocratiques)