Professeur de sport syndiqué à EPA : pour une mission éducatrice

Pour un service public d’État qui assure sa mission éducatrice…

… pas un service public de la communication

Depuis plusieurs années, les moyens alloués aux différents ministères chargés des Sports ont connu des coupes drastiques. Dans cette situation, les ministres successifs et les chefs des services déconcentrés, au lieu de mieux se concentrer sur la mission éducatrice, ont préféré compensé ce manque de moyens par une communication accrue. Le tour de passe-passe consiste à donner l’impression d’exister toujours, voire davantage, par des plaquettes, des séminaires, des spots radio sur absolument n’importe quel sujet à l’aide de services com’ renforcés. A EPA, nous avons toujours lutté contre cette dérive du savoir-faire vers le faire-savoir. Nous pensons en effet que « Jeunesse et Sports » n’a de raison d’exister que s’il remplit sa mission historique, celle d’un service public pour l’éducation de tous. Il ne s’agit pas de dire ce que l’on fait, mais plutôt de permettre aux personnels techniques et pédagogiques de remplir leurs missions en accord avec leurs métiers. La pérennité de ces derniers et la reconnaissance des usagers tient à notre capacité à défendre collectivement cet objectif éducatif.

pas un service public interministériel

Sous couvert d’une volonté de travailler « ensemble, main dans la main, en bonne intelligence, de façon complémentaire, etc. » avec les autres services de l’État, l’interministérialité a surtout permis de noyer « Jeunesse et Sports » dans des commissions ou des réunions où la question de l’éducation n’avait pas sa place. A EPA, nous n’avons jamais contesté l’intérêt de travailler en lien avec un autre service de l’État ; seulement, cela doit se faire dans le respect des missions de chacun.Contrairement aux messages passées par instructions, on ne peut pas être contrôleur et conseiller et parler des extincteurs, de la sécurité alimentaires au même titre qu’une consigne pédagogique ou d’une procédure de secours dans le cadre d’une APS. Aujourd’hui, la RGPP a véritablement institué l’interministérialité en faisant cohabiter dans un même service des professeurs de sport, des vétérinaires, des inspecteurs de l’action sociale… EPA a toujours combattu ces rapprochements avec la volonté de maintenir un service « Jeunesse et Sports » clairement identifié par nos interlocuteurs.

pas un service public de « mobilisateurs de réseaux »

Combien de fois a-t-on entendu dans les réunions, les groupes miroirs, les groupes de dialogue, les comités techniques que les professeurs de sports étaient des « mobilisateurs de réseaux » ? Flatteur ? Oui, quand on considère cette compétence issue de la proximité des PTP avec le terrain, quand on la pense comme une capacité à identifier les besoins du public. Seulement, dans la période actuelle où le nombre d’agents fond comme neige au soleil, cette compétence ressemble plutôt à une façon de dire que notre principale compétence est d’abord de connaître celle des autres, que notre rôle n’est pas tant de servir directement le public (face à face pédagogique, conseil, formation de cadres, etc.) mais d’être capable de lui apprendre à se passer de nous et à aller voir ailleurs. Oui, le service public doit être large et apte à répondre aux usagers dans plusieurs domaines mais cela ne pas doit se faire au détriment de compétences spécifiques.

pas un service à la remorque des collectivités territoriales

Les collectivités sont les premières en matière de financement du sport, ne serait-ce qu’en matière d’équipements sportifs. Nous pourrions débattre longuement sur la décentralisation de fait du sport, une décentralisation reposant sur des politiques volontaristes des collectivités avec ses conséquences néfastes pour l’égalité des territoires et de leurs habitants. Quoiqu’il en soit les services « Jeunesse et Sports » de l’État ne doivent pas chercher à les imiter pour subsister ; au contraire, pour EPA, l’intérêt de notre existence est cette plus-value éducative que nous apportons. Nous n’avons rien à vendre, notre reconnaissance ne passe par le déploiement de moyens que nous n’avons pas. Nos chefs de service ne sont pas des élus et ne doivent pas agir en vue d’échéances électorales mais en tant que responsables de la continuité du service public d’État. La qualité du service rendu aux usagers ne se mesure pas en fonction des montants de subventions distribuées ou par la multiplication des plaquettes de com’. Non, notre travail doit être un travail de fond pas forcément quantifiable mais qualifiée par l’expertise des agents.

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