Pour l’ambition éducative Jeunesse et Sports et faire cesser les jeux de dupes

EPA, depuis plus de 10 ans, œuvre à l’unité syndicale la plus large possible, sans sectarisme ni angélisme. Quitter les ministères dits sociaux hérités de la RGPP/MAP/REATe était une nécessité pour conserver du sens aux métiers et aux missions. C’est encore une nécessité pour cesser de subir des programmes de circonstances qui bradent les quotidiens sous la houlette des préfets et une conception administrative aux ordres qui vident les statuts techniques et pédagogiques des corps spécifiques qui ont fondé le ministère Jeunesse et Sports.

Ce combat d’EPA n’est en rien corporatiste : c’est une exigence pour faire sens, sans démagogie ni facilité, car notre métier n’est pas d’être fonctionnaire fonctionnant. Nous portons des ambitions éducatives. C’est clairement au sein du MEN qu’elles peuvent se déployer. Mais ce gouvernement détourne cette ambition pour diminuer encore plus la surface du service public. Et nous en faisons les frais.

Aujourd’hui, après la circulaire du 12 juin 2019, un constat s’impose : le dogmatisme ultra libéral veut faire disparaître les restes Jeunesse et Sport ! Ce n’est pas la victoire du pôle éducatif INTERMINISTERIEL mais la vente à la découpe au gré des volontés du ministère de l’intérieur et des préfets, variables d’une région à l’autre. C’est la stratégie du Cheval de Troie qui dissémine des particules de professeurs de sport et de conseillers d’éducation populaire et de jeunesse dans les services territoriaux du ministère de l’éducation nationale pour les placer sous l’autorité réelle des préfets. Cette matoiserie relève de la haute dilution. Elle permet à l’ordre préfectoral de prendre pied dans les rectorats, d’entamer encore plus le démantèlement voulu de la sphère publique de l’éducation.

Depuis 2007 la pratique des gouvernements qui se succèdent est invariable : utiliser les dysfonctionnements du système pour « réformer » en démantelant, se servir des mots et des formules pour en renverser les significations. Cette duperie participe de la dégradation sociale et politique.

La réforme actuelle est une tromperie éhontée. Elle ne répond en rien – ou si peu et si mal – à notre revendication collective syndicale.

  • Au lieu de regrouper en DR les affectations des collègues en maintenant des unités départementales, on fait disparaître l’échelon régional Jeunesse et Sports et on fusionne la cohésion sociale avec les restes territoriaux des ministères sociaux.
  • Au lieu de créer des services Jeunesse et Sports regroupés et identifiés au sein des rectorats et DSDEN (solution possible de « repli ») d’une part on ampute les formations/certifications en les phagocytant au sein du MENJ, et d’autre part on vaporise des particules d’agents sur des missions allégées sous la houlette d’un délégué académique régional, vague doublure administrative en marge des préfets dans le rectorat -région académique.
  • Au lieu de restaurer la place des personnels JEP et de formateurs dans les CREPS au service des ressources associatives et de l’éducation complémentaire à l’Ecole, on recentre les établissements sur la haute performance et le haut niveau. La formation est livrée au marché.
  • Au lieu de porter une ambition éducative dans une société en pleines perturbations consécutives à des mutations sociales, économiques et climatiques inquiétantes, on racornit les personnels techniques et pédagogiques sur un dispositif qui dénature gravement leur métier : le service national universel habillé d’une tromperie supplémentaire via une prétention éducative de pure façade.

Beaucoup pourrait encore être développé sur le devenir des conseillers techniques sportifs (CTS), sur l’allègement des formations et la privatisation rampante de leurs certifications, sur les volontés des employeurs associatifs de développer une « agilité » de l’emploi favorisant les salaires tirés vers le bas. Beaucoup serait à dire sur l’origine de la nouvelle gouvernance du sport qui dévoie une réforme pourtant nécessaire (EPA n’est pas pour le statu quo) sans avoir pris le temps d’une concertation digne de ce nom, ignorant même la complexité des politiques publiques territoriales à fédérer pour ne pas contrarier la fonction sociale et éducative du sport en France.

Ce gouvernement, soutenu par son dogmatisme et les lobbies, a décidé de porter le coup de grâce à notre entité ministérielle et nos métiers. Il ne répond pas à notre revendication syndicale : il s’en sert pour nous rayer de la carte.

Dans un tel contexte tout isolement des enjeux, tout conservatisme syndical et corporatiste ne peut être que contreproductif.

Dialoguer, concerter, pour sortir des postures et de l’impasse

Le gouvernement pratique par circulaires tombées de l’imprimante, par groupes de travail plus ou moins obscurs et arbitrages entre Matignon et l’Elysée. Il n’échange pas, ne concerte pas ou de manière superficielle. Il ne négocie pas, ne recherche pas d’issue délibérée.

Sans être dans l’accompagnement, EPA n’est pas dans la posture, ni dans les tractations de couloirs. Nous nous inscrivons dans la volonté de produire et contribuer entre autres à :

  • Constituer des pôles Jeunesse et Sports dédiés au sein des services territoriaux de l’Education nationale (rectorats et DSDEN) et affecter l’ensemble des personnels Jeunesse et Sports des actuelles DR/DD (y compris les CTS) au niveau du rectorat
  • Créer des instances de dialogue social spécifiques
  • Transférer la GRH des personnels relevant du champ Jeunesse et Sports à la GRH de l’actuel MENJ
  • Reconnaître pleinement la mission éducative complémentaire à l’Ecole sous tous ses aspects sans détourner les professeurs de sport et CEPJ vers des missions prétendument pédagogiques que le service national universel veut revendiquer.
  • Trouver une issue acceptable pour les CTS leur permettant, à l’issue d’un moratoire d’ici à 2025, de conserver un statut d’agent public de l’Etat avec des conditions de mise à disposition adaptées au cadencement des olympiades.
  • Travailler les multiples conséquences d’une nouvelle gouvernance du sport d’inspiration ultralibérale qui en l’état ne peut que déstabiliser le modèle sportif français avec une conception descendante en silos ignorante des territoires.
  • Transférer dans un BOP unique et spécifique les moyens du Sport et de la Jeunesse

Dans le contexte, EPA veut peser dans l’intersyndicale Jeunesse et Sports doit pour éviter toute forme de paralysie. Elle doit pouvoir produire des propositions partagées avec volonté de peser collectivement sur notre avenir. Ces propositions doivent être portées prioritairement auprès du ministre de l’EN. Il est notre seul ministre et interlocuteur dans la mise en œuvre des transferts décrits par la circulaire.

Cette intersyndicale doit appeler dans tous les services à constituer des intersyndicales Jeunesse et Sports les plus larges pour interpeler prioritairement les recteurs en région.

Voté à l’unanimité au Congrès EPA 2019.