Un ministère glyphosate

Déclaration EPA, CTM JS

Vous la voyez cette publicité où avec une goutte de gel la plante flétrit. C’est une mauvaise herbe. Grace à ce gel, les bonnes plantes peuvent alors s’épanouir, la récolte sera très abondante.

Sauf que l’on connait le cauchemar masqué par cette publicité. La terre est empoisonnée au glyphosate. Ce qui poussera, désormais sera empoisonné, la terre, même celle d’à côté, les cours d’eau, et les générations futures.

Madame la ministre vous passez ce ministère au glyphosate et le poison ruisselle.

Quelques exemples :

  • Le mouvement des professeurs de sports et des CTPS sport est en panne, par exclusion des CTS. Les dégâts collatéraux de votre décision sont déjà là pour les collègues et leurs familles, pour le service public sportif. 
  • De manière expérimentale, 28 fédérations sportives et le CNOSF ont obtenu la possibilité de gérer le CNDS parce qu’elles sont en capacité de décliner un projet sportif jusqu’au club. Le problème c’est que les clubs ignorent très souvent ce cadre de décision vertical de leur propre fédération.
  • Face à l’épreuve de l’expérimentation une fédération envisage de faire appel à un cabinet pour gérer le CNDS, mesurant à quel point elle n’a pas les outils pour le faire.
  • Plus d’un dirigeant, au niveau national ou territorial, pressent déjà les expositions aux clientélismes en échange d’un vote pour les élections à la tête des fédérations, d’autres les gentilles pressions à la subvention en échange d’un détachement de CTS à privatiser.
  • Tenus à l’écart de cette gouvernance pyramidale en tuyaux d’orgues, les services territoriaux Jeunesse et Sports ne savent rien, ou alors par la presse ou les partenaires associatifs. L’encadrement à certes droit à des séminaires, mais l’immense majorité des collègues est dans l’attente, la désespérance s’accroit.
  • Quant aux établissements Jeunesse et Sports, ils sont invités à se former aux bienfaits des SCIC (c’est dans le dernier flash infos établissements sports) pour encourager les associations sportives à changer de modèle économique. Une SCIC, c’est une SARL.
  • Sur l’ensemble du territoire national, les services déconcentrés chargés des sports partagent leur destinée avec les services déconcentrés en charge de la JEPVA. Ce qui se joue aujourd’hui sur les CTS et la gouvernance du Sport a des conséquences sur l’avenir des carrières, des conditions de travail, et les missions du secteur JEPVA et du corps de l’inspection.
  • Les avancées obtenues du côté de la DJEPVA et du MENJ sont compromises alors qu’elles défendent des missions éducatives en adéquation avec le pôle éducatif. Démanteler le pôle Sport c’est condamner Jeunesse et Sports. Il n’est pas possible d’agir pour l’éducation tout au long de la vie et l’éducation non formelle avec des effectifs réduits de moitié.

Pour paraphraser Shakespeare « quelque chose est pourri dans l’état de ce ministère ».

 La lettre aux agents que nous avons reçue vendredi ajoute au malaise autant qu’au marasme

  • Vous voulez agir « en faveur de ceux qui font le sport ». Nous sommes d’accord. Pourquoi n’avez-vous pas un mot pour vos agents ? Ne font-ils pas le sport ?
  • Comment allez-vous « redonner tout son sens au service de proximité à pourvoir à nos concitoyens que demande le président » avec la moitié de vos effectifs ?
  • Qu’entendez-vous par « faire assurer les missions d’inspection » ? Est-ce une intention d’externalisation ?
  • Comment être à la fois dans un pôle éducatif, et, chargés de « l’instruction des dossiers territoriaux pour les préfets » ? Pourquoi et comment « le lien avec le préfet est-il nécessaire » ?
  • En quoi un établissement public n’autorise-t-il pas d’établir un règlement d’intervention permettant d’identifier les types de contribution de chacun des acteurs ?
  • Comment allez-vous concilier le « principe du volontariat » que vous soulignez et l’exigence de Bercy de rendre 1 600 postes ? Et l’exigence de volontariat avec la note blanche qui indique le détachement d’office après 5 ans ? Ou encore, comment allez-vous concilier le volontariat avec l’amendement scélérat du gouvernement qui inscrit dans la Loi le détachement d’office. Lequel amendement gouvernemental, soi-dit en passant, vient contredire vos déclarations et celles de votre cabinet lors de l’audience avec les syndicats le 29 avril. Je vous rappelle que vous nous avez affirmé avoir obtenu le retrait de cet alinéa du projet de Loi Fonction Publique. Alors qu’il a été adopté à la va-vite en commission parlementaire en quelques secondes !

Conclure votre lettre en déclarant vouloir un Etat contemporain force l’admiration. Ne serions-nous pas conscients d’être dans le présent ? Pour mon humble part, je ne savais pas que je n’étais pas dans le présent. J’ignorais que mon employeur pouvait me transporter dans un autre temps que celui-ci. Dans une des conférences gesticulées sur l’inculture, Franck Lepage à propos de l’Art dit : « Ils étaient bêtement moderne, nous nous sommes contemporains. ». Votre invitation à l’Etat contemporain risque de renvoyer nombre de vos personnels à leur propre existence, conjuguée au passé.  Avenue de France, l’existence ne précède pas l’essence. Elle la décrète.

Alors dans ces conditions à quoi bon vouloir engager un échange constructif durant le mois de mai ? Dès le mois de juin le contemporain nous aura avalé, tel Chronos avalant ses enfants.

Tout ça pour ça ? Pourquoi des groupes de travail multipartites pour interroger nos pratiques et notre avenir ? Pourquoi un groupe Bouchout, pendant lequel Mme Lefevre tissait en coulisses l’Agence du sport ? Des heures de réunions pour rien ! Excusez-moi, mais je n’ai plus confiance.

Dans l’expression Etat contemporain nous nourrissons donc des inquiétudes pour l’Etat. Car nous en étions restés à la permanence, à l’Aïon.

Votre projet contribue au projet gouvernemental de transformer l’Etat en une entreprise et son gouvernement en un conseil d’administration. « Quelqu’un doit prendre la place des gouvernements et le business me semble l’entité logique pour le faire » a dit David Rockfeller en 1999. Nous y sommes.