Traverses Unitaires n°69

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SOMMAIRE :

 

  • Edito : “Que vont dire les marchés ???” Rien à f… j’crois pas en dieu !   p 1 à 2
  • Soyons vigilants !   p 2
  • Action sociale : selon que votre ministère est riche et puissant  p 3
  • Premiers écueils dans les services recomposés…   p 4 à 5
  • Brèves   p 5
  • CTPD, CTPR, CTPM   p 6 à 7
  • Appel pour une action socioculturelle porteuse de sens   p 8
  • Disparition des CentRe d’Education Populaire et de Sports   p 9 à 10
  • Métiers, formation : Le BPJEPS, petite toilette et privatisation rampante   p 11
  • Accès au corps des CTPS par voie d’aptitude : la discrimination !   p 12
  • “Disparition” …   p 12
  • L’enjeu des retraites   p 13
  • Victoire aux prud’hommes   p 13
  • Avenir : où vont les rails d’EPA ?   p 14
  • ERQUY, juin 2010, premier congrès d’étude d’EPA   p 15

 

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EDITO : «QUE VONT DIRE LES MARCHE ??? » RIEN A F…, J’CROIS PAS EN DIEU!

«Les marchés vont-ils bien réagir ?» ; «Quelle est la réaction des marchés à ces plans d’austérité?» ; «Nos sacrifices vont-ils satisfaire les marchés?» ; «Il ne faut pas affoler les marchés !» ; «C’est la loi du marché! » ; «La parole du spécialiste des marchés.» ; «L’Europe, le président, sauront-ils rassurer les marchés ?».

Il suffit de remplacer “marché” par le nom de la divinité de votre choix, de celle qui exige du sang, des pythies, des grands prêtres, et la petite musique médiatique quotidienne vous ramènera aux temps décrits dans les péplums ou les cours d’histoire ancienne.

Michel Husson, économiste, membre d’Attac, en était à nous dire au CDFN de la FSU que lui et ses collègues hésitaient entre les qualificatifs de chaos ou de catastrophe tant les annonces, les plans, les chiffres et les scénarios étaient contradictoires. Si cela produit ces hésitations chez les économistes qu’est-ce que cela provoque  chez  le citoyen ? de la résignation (devant les marchés s’incliner!) de la colère. Nous sommes tous grecs !

L’Europe, version traité de Lisbonne, imposée aux 55% qui ne voulaient pas de cette Europe des marchés, constate maintenant à quel point les banquiers et les rentiers n’en n’ont pas encore assez. Austérité, gel des dépenses publiques, haro partout sur les fonctionnaires, les retraités, les chômeurs et leurs outils de solidarité :  les recettes du FMI dont les africains, par exemple, peuvent apprécier chaque jour les effets. Il s’agit en effet par les plans proposés, avant tout, de sauver une nouvelle fois les banques et le système mené par la finance dont seuls les plus riches tirent profit.

En France, la Grèce devient un spectre menaçant que l’on agite devant les salariés pour leur faire adhérer à l’idée de récession.

«Vous voyez ce qui nous attend si nous ne serrons pas les boulons ? »

Des alternatives existent, on le sait. Ce qui est nouveau c’est que nous ne soyons plus seuls à le dire. Dans le camp d’en face des chargés d’études qui ne sont pas réputés pour être à la solde de révolutionnaires, affirment dans des journaux qui ne sont pas réputés pour être des révolutionnaires non plus: “Selon nos calculs, il faudrait qu’en deux ans la France réduise son déficit de 96 milliards d’euros. Le gouvernement assure que la croissance apportera 20 milliards d’euros, mais il se fonde sur une prévision optimiste de 2,5%. S’il faut trouver 96 milliards de réductions de nos déficits structurels ce sera compliqué. Cela représente 2 siècles de bouclier fiscal! On peut toujours, comme en Grèce, décider de ne plus payer les retraites ni les fonctionnaires. Ce n’est pas efficace. La seule façon de faire, c’est de procéder à une grande réforme fiscale en alignant la taxation des revenus du capital sur celle du travail. Cela pourrait rapporter 100 milliards d’euros sans dégâts économiques puisque ces revenus sont épargnés! ” (Patrick Artus Chargé des études économiques chez NATIXIS dans un entretien au Monde le 17 mai.) Encore un effort, nous sommes sur la bonne voie, et si on augmentait les salaires pour prendre directement sur la valeur ajoutée ?

Au même moment reprend le débat sur les retraites. Là aussi le débat est pipé et les arguments fallacieux qui sont avancés n’ont d’autres objectifs que d’amputer encore les droits à la retraite L’objectif non avoué est d’en finir avec la retraite à 60 ans pour harmoniser les régimes français sur ceux de l’Europe : 65 ans au moins à court terme. Pour cela il faut dramatiser la situation en oubliant de dire que si déficits de régimes il y a, ils sont principalement dus aux exonérations patronales non compensées par l’État.

Tenter de faire accepter une réforme injuste est une étape. Le recul de l’âge de départ à la retraite pénalisera les ouvriers et les employés qui vivent moins longtemps que les autres. Cette mesure cumulée avec l’allongement de la durée de cotisations aura pour conséquence de réduire les pensions versées. Là encore les personnes à revenus modestes et les femmes seront les plus touchés.

Au printemps 44, les chefs de la Résistance adoptaient le programme national de la Résistance « les Jours heureux *» et jetaient les bases de la sécurité sociale, de la retraite par répartition, du droit des travailleurs…. Nicolas Sarkosy avait pour objectif en s’installant à l’Élysée de supprimer tous les acquis issus de ce texte. Il poursuit sa voie vers une libéralisation de notre société et refuse de regarder les propositions alternatives qui assureraient un partage des richesses.

Que peut-on attendre de l’action syndicale dans ces périodes ? Nous devons proposer de résister au quotidien en favorisant les solidarités et en refusant la compétition utilisée dans le travail comme outil de management. Face aux replis individualistes nés des inquiétudes liées à l’avenir nous devons maintenir notre fonction de porte-parole des salariés et ainsi leur éviter d’être en première ligne soumis directement aux pressions de leurs hiérarchies.

Mais aussi il nous revient de conduire un travail d’éducation populaire pour poursuivre le développement d’un regard critique et informé sur le politique et ses déclinaisons économiques. Bref pour expliquer que la “science ” économique est action politique. C’est notre métier que de s’emparer des situations vécues pour les comprendre et donner les moyens de les transformer dans le cadre d’actions collectives. Dette ? déficit ? retraites ? Universités populaires grandeur nature !

Modernisation de l’État grâce à la RGPP, efficacité de l’État grâce à la REATE ? Raconter les gâchis et gaspillages, dénoncer les mensonges! “Radio Paris vous ment, Radio Paris est … marchand”.

Marie-Christine BASTIEN            Christine TAPIE

(* Les Jours heureux aux éditions de La Découverte)