26 février 2015 : un rassemblement national des personnels JEP qui appelle des suites, bien au-delà des promesses

Deux craintes ont été levées. Elles étaient de taille : nous n’avons pas eu à subir une grand-messe avec une convocation des « troupes » pour suivre des consignes toutes faites pré-déclinées en programmes, et le ministre s’est engagé à donner des suites à ce rassemblement en provoquant d’autres moments du même type.

Note d’ambiance

Environ 200 CEPJ et CTPS JEP étaient présents, ainsi qu’une délégation significative d’inspecteurs et inspectrices et le « président de l’amicale des directeurs départementaux de DDCS/PP » (un collègue CTPS de la DD des Landes). Cela représentait un bon tiers de la profession, avec des régions inégalement représentées et les CEPJ des CREPS oubliés. La salle représentait la structure d’âge du corps : peu de trentenaires, une majorité de quadras et quinquagénaires, et une proportion significative de voisins de la soixantaine.

Les CEPJ des DDi étaient majoritaires (ce qui est normal car ils représentent 60% de la profession, contrairement aux professeurs de sport qui sont à 75% en DR). L’assemblée était attentive, sans démonstration particulière.

Au fur et à mesure de la journée, la parole se libérant, les manifestations d’expressions sont devenues plus lisibles, venant plutôt en renforts de propos exprimés sur les thématiques d’ateliers.

Le déroulé

La DJEPVA, après le cabinet, a présenté le déroulement de la journée avec 4 ateliers dédoublés. Cette intervention laissait entendre que la DJEPVA avait des orientations politiques fortes et des intentions voulues par le gouvernement (la montée en puissance du service civique) mais qu’il y avait volonté de recueillir des avis et des idées sur les quatre thématiques :

  • La chaîne éducative (renforcer la coopération des acteurs et décideurs éducatifs)
  • Les mouvements de jeunesse et l’éducation populaire (travailler en partenariat sur les territoires)
  • Les jeunes et les réseaux sociaux (rendre le net citoyen)
  • La montée en puissance du service civique (voulu comme parcours citoyen à généraliser)

Ces ateliers dédoublés de 15 à 30 personnes se sont déroulés pendant 45 minutes le matin et 1H30 l’après-midi. Ils ont été des moments d’échanges et d’ajustements faisant apparaître souvent des réalités de travail à la fois proches dans les préoccupations mais nourries d’attentes ou représentations peu harmonisées. Cet état de fait est largement dû à des isolements de petites équipes départementales aux liens fragiles entre départements (ou inexistants même au sein de chaque région) et un isolement évident des collègues de DR démunis eux aussi. Chaque atelier a cependant produit de la réflexion – pas vraiment nouvelle pour les plus aguerris – mais qui a eu au moins le mérite d’aller vers des formulations reposant sur des échanges de pratiques et quelques éléments de théorisation qui se dégageaient.

Deux ou trois ateliers ont clairement fait remonter la nécessité de pouvoir faire un vrai métier participant d’une mission d’éducation et l’impossibilité de pouvoir le mener ainsi quand le préfet est trop présent ou la direction de DDI aux ordres préfectoraux et dans l’instrumentation des personnels comme des associations, ou bien encore des collectivités.

La DJEPVA a tendu de multiples fois les limites de sa capacité à faire du sens partagé et la responsabilité lourde qu’elle porte dans le désarroi des personnels en DD/DR.

Les rapports d’ateliers seront en principe utilisés pour alimenter la réflexion du ministre et de son cabinet et de la DJEPVA lors du prochain comité interministériel pour l’égalité et la citoyenneté du 6 mars. C’est du moins ce qui a été affirmé. Hormis l’atelier sur le numérique, où on sentait une préparation induisant une forme de restitution avec des éléments de langage adaptés au domaine, les autres rapports ne devraient pas permettre de dégager des lignes suffisamment abouties.

Un ministre très politique

Le ministre a fait une courte intervention très politique. Évoquant les attentats et les dérives terroristes comme de pensée totalitaire faite d’obscurantisme, il en a appelé au sursaut républicain affirmant sa confiance dans la pratique et les contributions des CEPJ et CTPS JEP. Il a tenu à dire que ce moment n’était pas voulu par lui comme un « one shot » mais l’amorce d’un cycle de dialogue et de réflexion à construire et pérenniser. Un espace est donc ouvert.

Cependant, nous avons tous compris – parmi les syndicalistes – que cette affirmation méritait d’être tempérée par un élément d’importance : le ministre est candidat pour le PS dans un canton Lille/Wasemmes avec de fortes probabilités d’être élu. Sa carrière de ministre devrait fatalement en être interrompue en cas de succès. Si, de surcroît, le département du Nord conserve sa majorité actuelle – et c’est quand même un fief de la sensibilité qu’il représente – il n’est pas impossible qu’il puisse retrouver la présidence du département.
Bref, l’intersyndicale a noté la volonté de dialogue du ministre, pour autant elle ne peut penser que ses intentions survivront à un très probable départ de sa personne.

L’intersyndicale avait préparé un texte écrit à deux mains la veille par Patrice Weisheimer et Didier Hude, avec participation de la CGT. Ce texte (ci-après), lu par le SEP, a été longuement et très fortement applaudi par les collègues. Le ministre a alors fait remarquer que nous n’étions pas dans un meeting. Les syndicats se sont ensuite effacés laissant place à des interventions de collègues qui témoignaient d’ailleurs d’une grande cohésion de pensée, pointant les limites du service civique et ses imperfections actuelles, la fonte dramatique de moyens, le manque de sens de l’action publique… Le ministre a répondu sans détours sur les efforts d’économie à réaliser et l’opportunité malheureuse qui se présentait pour profiter de rajustements de crédits en faveur de l’éducation à la citoyenneté et des démarches d’éducation populaire en direction des jeunes en particulier.

La synthèse des travaux n’a pas pu en être une en raison des départs massifs de collègues et il serait de bonne pratique que l’intersyndicale (ou chaque syndicat de manière convergente) suive ce la DJEPVA et le cabinet vont bien pouvoir faire ce de « premier » moment d’échanges.

EPA plaide pour des rencontres dans chaque région. Il faut porter localement cette demande.