Jeudi 26 février 2015 à Paris, les CEPJ/CTPS JEP sont réunis

PORTONS ENSEMBLE UNE AMBITION ÉDUCATIVE

METTONS L’ÉDUCATION POPULAIRE AU CŒUR DU MÉTIER DE CEPJ

Le ministre réunit les conseillers d’éducation populaire et de jeunesse de l’ensemble du territoire pour « contribuer à la préparation du comité interministériel notamment sur les politiques de jeunesse, d’éducation populaire et de vie associative dans la riposte républicaine ». Bien qu’organisée dans la précipitation cette rencontre correspond à des demandes maintes fois formulées par les organisations syndicales représentatives des CEPJ.

Nous apprécions l’initiative. Cependant, notre action publique ne se limite pas à une « riposte » car notre action permanente ne relève pas d’un dispositif de réaction mais au contraire d’accompagnement des mises en pratiques éducatives au service de l’émancipation et de la compréhension des milieux. Ce domaine est « partagé » avec les acteurs associatifs, professionnels ou non, fédérés ou pas, et les collectivités.

L’obscurantisme et la haine à l’origine des meurtres politiques en janvier à Paris, en février à Copenhague, prennent racine dans une misère et un désespoir qui n’ont rien de nouveau. Ils témoignent d’une mondialisation soumise aux puissances de l’argent, d’une injuste répartition des richesses produites par le travail. L’utilisation dévoyée de la religion pour justifier des assassinats ne doit tromper personne. Elle ne fait que nourrir en retours d’autres idées primaires, d’autres exactions en échos, elles-mêmes inspirées par d’autres formes de violences et conceptions totalitaires pouvant aller jusqu’au néo nazisme.

Texte EPA 26 février 2015

Les pauvretés engendrées par des politiques économiques basées sur les profits, se répandent partout dans le monde, en Europe et en France. Les grandes fonctions solidaires qui contribuent au « vivre ensemble » (protection sociale, services publics…) sont toutes exposées à des choix de financements à la baisse. On appelle « charges » ce qui est consacré à la redistribution, dans la part socialisée du salaire. Le politique est en panne parce que l’économique se confond avec la finance des profits et la concurrence des marchés. De tels dysfonctionnements fracturent les sociétés. Dès lors, donner un sens à une vie bouchée peut sinistrement passer par certains réseaux sociaux mondialisés, ou clans locaux.

Changer de paradigme ce n’est pas accumuler des dispositifs sur du programme

Ce 26 février ne doit ressembler ni à une grande messe, ni à un salmigondis administratif asséné aux CEPJ pour recentrer l’action sur « la » jeunesse en instrumentant peu ou prou les assassinats de janvier. Or, au vu du lapidaire de l’invitation le risque du formatage administratif est évident. Le risque de se voir expliquer comment placer encore et toujours plus de service civique est grand. Alors qu’il convient d’interroger ce dispositif imparfait pour l’emploi, insatisfaisant dans son impact social. Saisissons-nous des ateliers proposés pour proposer d’autres manières de travailler, de sortir des bureaux, d’accompagner les acteurs de terrains, de concevoir de l’ingénierie éducative en prolongement de l’École. Retrouvons du sens dans nos actions ! Cela doit passer par la pleine reconnaissance des statuts techniques et pédagogiques, par la reconstruction des réseaux régionaux, par la plus grande professionnalisation des formateurs que nous sommes tous en améliorant nos modes opératoires et connaissances disciplinaires. Car aujourd’hui sévissent toujours les cloisonnements et mises en programmes de la RGPP, de la RéATE et de la MAP. Nos « postes » budgétaires sont les cibles d’une chasse effrénée pour réduire l’emploi et les moyens.

Travaillons autrement, investissons dans l’éducation populaire, et une éducation permanente qui sait que l’action auprès des jeunes suppose toujours de l’intergénérationnel !

Demandons au politique d’avoir une ambition autre au lieu de vouloir enfermer les cadres techniques dans des moules pré établis comme le préconisent dans une récente note collective les directeurs régionaux aux détours de propositions qui ont été élaborées en vase clos de direction, sans concertation ni avec les professeurs de sport, ni avec les CEPJ.

Travailler autrement oui, pour que cesse le déni de compétences partout en vigueur qui réduit les conseillers à des contrôleurs de centres de loisirs ou des touche-à-tout de dispositifs ou de programmes de l’instant qui valent définition de poste !

La réforme territoriale en cours va encore avoir pour objectif de « rationnaliser » (comprendre réduire l’emploi, ici et là des CREPS et des moyens). Le délai est court pour refonder des réseaux, retrouver des visions communes de métier qui soient autre chose que du quotidien administratif.

Réinvestissons les CREPS au travers de programmes de formation pour accompagner les bénévoles et les professionnels.

Travaillons des collaborations plus étroites avec les enseignants et éducateurs, soyons plus en responsabilité sur les rythmes éducatifs.Texte EPA 26 février 2015

Reconstruisons totalement la formation continue pour renouer avec des savoirs disciplinaires entretenus (pratiques artistiques et culturelles, sciences et techniques de la communication…) et affiner ainsi les expertises, accompagner des expérimentations, contribuer à des recherches-actions…

Saisissons-nous des compétences partagées « éducation populaire – jeunesse – vie associative » qui, à l’instar du « sport », doivent placer les personnels d’Etat en interface aux politiques publiques territoriales et initiatives associatives et citoyennes. Nous devons être auteurs et pas seulement des tiers observateurs.

Retrouvons l’ambition de nos prédécesseurs à qui l’Etat – dans sa mission éducatrice – demandait « d’agir dans le milieu », pas d’en être spectateur. Car cette dernière posture conduit directement à transformer nos DD/DR en bureaux de préfecture à court terme.

L’instrumentation du drame de Charlie était à prévoir. Les confusions et amalgames de pensée autour du « 11 janvier » en sont une illustration directe. Parce que Charlie a et avait des voisinages avec l’éducation populaire (au travers de chroniques comme celle de l’oncle Bernard, ou par la force du trait qui déplace la convention) continuons à « être » des parts d’esprit libre de Charlie en action. Soyons dans l’éducation populaire, pas dans l’instrumentation via des pratiques de fonctionnaires bien ordinaires.

Soyons TOUS conseillers techniques et pédagogiques ! Disons-le le 26 février !