Une politique qui fait pschitt…

“Bonne santé, bonne santé” qu’ils disaient !

On connaissait les groupes pétroliers qui finançaient des disciplines sportives se pratiquant en milieu marin pour se racheter après de véritables drames écologiques… Aujourd’hui, l’Etat fait encore plus fort : dans le cadre du « plan sport santé bien-être », le directeur général du Centre National pour le Développement du Sport (CNDS) vient de signer une convention avec la fondation Coca-Cola (USA) afin notamment de prévenir l’obésité chez les jeunes de 12 à 25 ans !

Non, ceci n’est pas une mauvaise blague, c’est simplement le constat d’une politique publique du sport qui n’a plus qu’une seule ambition : faire des économies coûte que coûte jusqu’à disparaître au profit d’un secteur privé qui ne recule devant rien dés qu’il s’agit de peaufiner son image et sa communication et qui plus est, de bénéficier d’une défiscalisation…

Car les politiques visant à alléger la fiscalité sur les grandes entreprises, via des fondations, ont pour conséquence d’assécher les moyens de l’Etat, lequel Etat se trouve à devoir recourir à des dons de ces mêmes fondations pour mener les politiques qu’il ne peut plus mener avec les ressources de l’impôt. On pourrait penser que c’est la même chose mais ce n’est pas le cas car la fondation choisit son objet et poursuit son objectif : vendre, vendre et faire du profit. Les entreprises n’ont que faire de la santé de leurs clients et que notre ministère en soit rendu à user de ce genre d’expédients est une humiliation pour la République.

Assurément, la réalité est bien sombre ; les crédits d’intervention dans le sport des services déconcentrés sont au plus bas, les crédits issus du CNDS s’amenuisent également bien que longtemps « sanctuarisés », les professeurs de sport, notamment les CAS, sont coincés dans des logiques administratives de dispositifs qui n’ont plus aucun sens par rapport à leur métier et à leur autonomie, la multiplication des instances et des réunions qui en découlent éloignent davantage l’Etat des préoccupations des usagers (terme d’ailleurs de moins en moins usité dans les services), etc.

C’est pourquoi, il faut réagir collectivement et ne pas se laisser bercer ou berner par ce chant des sirènes. Etre professeur de sport, ce n’est pas être le VRP de telle ou telle multinationale. Etre professeur de sport, c’est réaffirmer au quotidien ses missions de formation, de conseils et d’expertise, d’expérimentation de recherche, sinon, à quoi bon ? Etre un fonctionnaire qui fonctionne sans esprit critique, sans conviction, sans réaction, c’est mieux disparaître et donner raison à cette vision libérale actuelle qui ne rêve que d’une fonction publique composée d’agents polyvalents sans spécialité, ni métier.

Depuis janvier, le gouvernement tente de surfer sur la vague « Charlie » ; s’il n’agit pas concrètement et ne donne pas d’orientations et un ancrage administratif clairement éducatifs à son ministère et à ses services déconcentrés, il va vite se retrouver, ainsi que le chante Charlélie, « comme un avion sans ailes ».

Pierre LAGARDE

charlie23fev-31